Que ce soit le sable, le gravier et ses dérivés (gravillons ou galets), l’extraction de tous ces matériaux est officiellement interdite par le gouvernement, dans le cadre des mesures visant à lutter contre ou atténuer l’érosion côtière. Mais l’exploitation du gravier marin se déroule clandestinement, loin des yeux et des regards indiscrets. C’est justement le cas à Kpogan.
En effet dans la mer au niveau de ce quartier périphérique de la ville de Lomé, près de la place dite Golden Beach dans le prolongement de la station Sanol, se déroule l’extraction clandestine du gravier, notamment du gravillon (5 à 25 mm de grosseur) et du galet (plus de 40 mm). Sous prétexte de chercher des coquillages dont l’extraction n’est pas interdite et d’ailleurs n’a rien à voir avec l’érosion côtière, ces gravillons généralement utilisés dans le cimentage des murs ou planchers, la décoration paysagère ou le revêtement des allées ou terrasses, en lieu et place du vrai ciment ou mélangés avec, sont extraits.
Un tour sur les lieux permet de voir les dispositifs artisanaux de bois mis en place pour le tamis du sable et l’extraction de ces gravillons. Nos sources parlent de filets utilisés pour retenir ces gravillons au jet des vagues et des bonnes femmes qui se consacrent au tamis du sable pour la sélection des coquillages et des gravillons. Un tour sur les lieux permet en tout cas de voir des tas de ces matériaux à perte de vue. Une sorte de foire d’exposition pour la vente. Selon les indiscrétions, c’est pendant la nuit que les gens viennent acheter et embarquer les gravillons avec des véhicules, pour ne pas trop attirer les regards…
Il nous revient également que le beach-rock ou grès de plage, affleurement rocheux longiligne à l’allure d’une route émergeant de la mer près de la côte – des gens le confondent souvent à la route Lomé Aného engloutie par la mer – et qui, selon les explications de quelques connaisseurs, protège un tant soit la côte des vagues géantes de la mer, est aussi cassé et exploité à des fins de gravier par des individus.
Ce n’est sans doute pas la cause principale de l’érosion côtière connue par le Togo le long de toute sa côte maritime. Cette activité permet forcément à des gens de nourrir leurs familles et subvenir à leurs besoins. Mais autant que celle du sable, l’extraction du gravier marin devrait être aussi, au crédit des causes anthropiques, un élément accélérateur de l’érosion côtière source de nombreux drames des populations riveraines dont les demeures sont englouties par l’océan et qui sont obligées de se déplacer pour échapper à sa furie.
Les autorités gouvernementales sont donc interpellées.