Le Conseil municipal de la commune du Golfe 4 s’est réuni, du 14 au 30 juin, en sa 2e session ordinaire du 2e trimestre de l’année, conformément à l’article 93 de la loi n°2019-006 du 26 juin 2019 portant modification de la loi n°2007-011 du 13 mars 2007 relative à la décentralisation et aux libertés locales, modifiée par la loi n°2018-003 du 31 janvier 2018 et la loi n°2021-020 du 11 octobre 2021. C’était dans la salle de la Direction diocésaine des œuvres de Lomé (DDOL) à Tokoin-Séminaire. Plusieurs sujets étaient à l’ordre du jour. Mais les travaux ont été marqués par des décisions importantes prises.
L’une de ces mesures phares aura été l’adressage de cent (100) nouvelles voies relevant du ressort territorial de la commune du Golfe 4, après le premier lot de treize (13) boulevard, avenues et rues débaptisés et rebaptisés en date du 22 avril dernier, conformément à l’article 82 de la loi portant décentralisation donnant compétence propre aux communes et ce, malgré la polémique et la fronde manifeste entretenue par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires Payadowa Boukpessi. C’est une délibération (N°007/MATDDT/RM/PG/CG4) avalisée par quinze (15) conseillers contre six (06) abstentions qui a été adoptée, après des explications sur les motivations, des débats et autorisant le maire, en son article 2, à « prendre un arrêté municipal en exécution de la présente délibération ».
La Rue Sylvanus Olympio, anciennement appelée Rue du Commerce devient Avenue des Nanas Benz ; la Rue des Palmiers, autrefois 111 OTN devient Avenue Dr Robert Koblavisoé Fiadjoe, du nom de l’ancien maire de Lomé ; l’Avenue Georges Pompidou devient Avenue Marc Messan Atidepe ; la Rue de Paris a désormais pour nom Rue Tavio Ayao Amorin ; la Rue des Moissonneuses devient Rue Mama Fousseni. Ces noms sont ceux d’anciens ministres, députés, acteurs politiques ayant lutté pour l’accession du Togo à l’indépendance, instituteurs, médecins…oubliés. « Tous ces gens, il faut leur rendre hommage (…) Ils ont porté haut le drapeau du Togo (…) On a pris des noms de toutes les appartenances ethniques», a indiqué le maire Jean-Pierre Fabre. « Lorsque nous mettons le nom de celui qui a composé l’hymne national sur une rue qu’on a nommée Gaou ou Koukloui…on remet les choses à l’endroit et vous allez nous dire que nous avons tort ? », a pesté de son côté Me Isabelle Ameganvi, la 1re adjointe au maire.
Autre décision phare, le retrait de la gestion des marchés d’Adawlato, Gbossime et autres situés sur le territoire communal du Golfe 4 à l’Etablissement public autonome pour l’exploitation des marchés de Lomé (EPAM). Un conflit ayant opposé, depuis sa prise de fonction, le Conseil municipal au ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires. Il a été fait l’historique de ce problème à travers un mémorandum retraçant tous les épisodes ayant jalonné ce feuilleton marqué par le ping-pong entre le Conseil municipal du Golfe 4 et le ministre de tutelle. « La gestion par l’EPAM de ces marchés est un non-sens dans le contexte de décentralisation », a déclaré Jean-Pierre Fabre. La délibération (N°008/MATDDT/RM/PG/CG4 du 29 juin 2022) adoptée à cet effet autorise, dans son article 2, le Maire, «en cas de persistance de la situation, à saisir les juridictions compétentes pour connaitre de ce différend » et, au niveau du 3, à « exécuter la présente délibération et à prendre un arrêté municipal en application »…
Le budget de la commune, notamment le compte administratif était aussi au menu de cette 2e session du Conseil municipal de la commune du Golfe 4 et au cours de cette conférence de presse, il a été porté à la connaissance des journalistes l’information sur le dégagement d’un (nouvel) excédent budgétaire d’un montant de deux milliards cent douze millions neuf cent trente-trois mille trois cent quatre-vingts (2 112 933 380) FCFA. Ce qui fait monter, ajouté au budget primitif de l’exercice 2022, le budget de cette année à plus de 4,6 milliards de FCFA. Et des actions sont prévues par le Conseil municipal au profit des populations. A en croire la 1re adjointe au maire et Personne responsable des marchés publics (PRMP) Me Isabelle Manavi Ameganvi, ces fonds devraient être affectés à la réfection du marché de Hanoukopé, au soutien aux revendeuses victimes des incendies, à la construction d’un bloc de maternité moderne à l’hôpital de Wétrivicondji, à la construction d’un garage municipal pour des engins lourds de génie civil dont le processus d’acquisition a été lancé, entre autres.
La session a vu les conseillers et autres participants suivre un exposé du Directeur des Cultes, sur les nuisances sonores liées à la pratique des cultes, les rapports d’activités des différentes commissions permanentes, le rapport de la commission chargée de faire des propositions et recommandations sur le dossier des incendies du marché de Hanoukopé…
Par l’exercice de la conférence de presse organisée en fin de session ce jeudi, les autorités du Golfe 4 ont voulu «éclairer les populations sur l’état de la décentralisation vendue aux populations, les rassurer sur la perspicacité de la Commune du Golfe 4 entrée en conflit avec les autorités de tutelle sur les dossiers comme l’adressage, l’EPAM, le DAGL (District autonome du Grand-Lomé), le budget de la collectivité, démontrer qu’elle est à l’avant-garde dans la défense de l’Etat de droit, de la démocratie et de la décentralisation dans le respect des lois que l’Etat s’est données ».
Au cours de cette rencontre avec la presse, Jean-Pierre Fabre et ses adjoints ont également entretenu les journalistes sur les modifications envisagées par le gouvernement à la loi portant décentralisation et qui étaient justement soumises à l’appréciation de l’Assemblée nationale ce jeudi. « Les modifications proposées sont scandaleuses », a pesté Jean-Pierre Fabre, relevant que « toutes sont dirigées contre la commune du Golfe 4 » et donnant l’exemple de l’absence d’autorisation de sortie du territoire insérée parmi les mobiles de destitution d’un maire, ou encore l’adressage des rues enlevé carrément des compétences propres des communes du Grand-Lomé. Le maire du Golfe 4 est formel : «Sans décentralisation réelle et opérationnelle, la démocratie elle-même est un leurre. On comprend aussi que ceux qui ne veulent pas de l’Etat de droit, donc de la démocratie, ne peuvent que faire une décentralisation au rabais ».