Les djihadistes sont les seuls vainqueurs de ce qui s’est passé hier au Mali, et qui se déroule en ce moment au Burkina. Comme l’écrit dans une analyse bien inspirée mon confrère ivoirien Antoine Assalé Tiémoko, “l’objectif premier des terroristes est de désorganiser les États, de démanteler les institutions républicaines, de saper les fondements des nations, de créer la confusion et la méfiance entre les peuples, entre les armées, de créer la guerre de tous contre tous”.
Au Mali, la bande à Amadou Koufa a exacerbé les vieux antagonismes communautaires entre éleveurs (Peuls) et agriculteurs (Dogons et Bambaras). Au Burkina Faso, le méprisable chef terroriste local, Malam Dicko, a réveillé les ressentiments de “ses frères” nomades Peuls vis-à-vis de tous les sédentaires (Mossis, Bissas, Bobo et autres). Et ça marche. Les coups portés à des armées peu préparées à une guerre asymétrique ont complété le cocktail explosif, au Mali, comme au Burkina. Le Niger, le Bénin et le Togo ne sont pas à l’abri.
À l’analyse, les seuls vrais gagnants de ce qui se joue en Afrique de l’Ouest, ce sont donc les djihadistes qui ont en partie atteint leur objectif en sapant la cohésion sociale et le vivre-ensemble, et en fragilisant les systèmes politiques établis. L’Afrique de l’ouest a peut-être perdu la bataille face aux terroristes, mais elle peut encore gagner la guerre. Il faudrait pour cela travailler à plus éduquer la population et nos armées à ne pas se tromper d’adversaire.
Il n’est pas nécessaire d’avoir fait sciences politiques à Harvard, Oxford ou “Sciences Po Paris” pour comprendre que la Russie a décidé de mener la guerre aux puissances occidentales, par l’intox, en s’emparant de la crise sécuritaire dans le Sahel. Moscou trouve un terreau fertile à sa propagande anti-occidentale (“anti-impérialiste”?) dans cette Afrique francophone en quête de prétextes pour épancher sa soif de prendre sa revanche sur l’ancienne puissance tutélaire et “régler” de vieux contentieux et rancœurs coloniaux.
En adhérant naïvement à ces discours qui tendent à faire passer la France pour complice des djihadistes, nos populations et nos armées deviennent des complices de l’une des parties, dans une guerre entre grandes puissances, toutes impérialistes, autant la Russie et la Chine que les Occidentaux (France, USA, etc.). Sinon, qui serait sérieux à penser que la France, qui a déjà perdu plus de 50 militaires dans le Sahel, armerait des djihadistes pour tuer ses propres enfants? Soutenir que Paris serait en collusion avec les djihadistes du Sahel relève de la propagande russe, tout comme Washington avait inventé la possession d’armes de destruction massive par Bagdad pour renverser et assassiner Saddam Hussein.
La France n’est pas tout le temps l’allié des peuples africains, loin s’en faut ; mais nous serons naïfs à penser que la Russie c’est Jésus le sauveur et, les putschistes, la vierge Marie qui enfante ce messie venu de l’Est. Nous ne sommes que des pions de cette nouvelle guerre froide. Ouvrons les yeux et laissons fonctionner notre cerveau.
Ce qui est vrai, est vrai!
Saïd Penda Officiel