Le Front Touche Pas A Ma Constitution n’est pas content de l’exécution du budget de l’Etat exercice 2022 et a dit tout le mal qu’il en pense, au cours d’une conférence de presse, ce mercredi au siège du Parti des Togolais, sur le rapport de la Cour des comptes sur l’exécution dudit budget rendu public en septembre 2024. Le regroupement dénonce une opacité totale, de graves irrégularités et alerte l’opinion.
« Le gouvernement, le Premier ministre, le Chef de l’Etat sont interpellés, il faut qu’on rende compte de la manière dont le patrimoine national est géré (…) Est-ce qu’il y a corruption ? C’est une question à laquelle les autorités judiciaires doivent répondre », a indiqué Nathaniel Olympio, Président du Parti des Togolais. « Il faut entamer un audit général de toutes les sociétés d’Etat ou les entreprises dans lesquelles il a une participation, parce que ce qu’on observe est simplement inacceptable pour les Togolais. C’est pour ça qu’on constate que les Togolais vivent dans la précarité, avec du riz avarié parce que leurs richesses nationales rentrent dans les poches de quelques individus », a-t-il fustigé.
Dans une déclaration liminaire présentée par Jean Kissi, le Front fait observer que ce rapport n’a été finalisé qu’en septembre 2024, soit deux ans plus tard pour un travail censé être fait en réalité juste un trimestre après l’année d’exécution du budget. Et la tâche n’a pas été facilitée à la Cour des comptes, certains ministères et institutions n’ayant pas fourni les documents nécessaires, notamment le ministère du Plan et de la Coopération. « Comment pendant deux ans, aucune autorité n’a été en mesure de faire mettre à la disposition de la Cour des Comptes les précieux documents du ministère du Plan et de la Coopération ? », s’interroge le Front.
Autre anomalie rapportée par la Cour des comptes et sur laquelle le regroupement de partis et d’associations embraie, la curieuse réduction du nombre de sociétés de 46 à 20 entre 2020 et 2022 et surtout leur faible contribution au budget 2022, soit 15 501 916 609 FCFA en tout. Pendant que des sociétés brassant des dizaines voire centaines de milliards de FCFA n’y contribuent que faiblement (3,5 milliards FCFA pour la LONATO, 1 milliard FCFA pour le Port autonome de Lomé, par exemples.), d’autres comme WACEM-SA, la Société aéroportuaire de Lomé Togo (SALT), la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT), la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT), SCAN-MINES-SA et le Groupement togolais d’assurance (GTA) n’ont rien donné. « Comment la société qui gère les phosphates, la plus importante ressource minière du pays, n’arrive-t-elle pas à mettre 1 seul Franc au budget de l’Etat ? Dans quelle poche va l’argent du phosphate ? », peste le Front.
Les dépenses du personnel rapportées par la Cour des comptes et les grands dépassements des budgets exécutés aussi scandalisent Touche Pas A Ma Constitution. Ils sont une bonne trentaine de cabinets de ministres, directions, secrétariats, inspections et autres structures à franchir la barre de 300% de dépassement, certains même plus de 1000 % (1 148 % pour l’Inspection des ressources forestières, 12 553 % pour le Secrétariat général du ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux soins). Le record est détenu par la Direction des Enseignements préscolaires et primaires avec 107 831 % de dépassement.
« Ces constats montrent clairement comment l’argent du contribuable est gaspillé alors que les Togolais n’arrivent pas à manger deux fois par jour », dénonce Touche Pas A Ma Constitution qui exige la transparence, entendu la publication rapide des rapports de la Cour des comptes dans un délai de trois à quatre mois, l’obligation pour chaque ministère de transmettre les documents nécessaires, des explications sur la disparition de 26 sociétés et l’absence de contribution de certaines au budget de l’Etat, un audit indépendant des sociétés d’Etat, des mesures concrètes pour corriger les dépassements budgétaires, le renforcement des mécanismes de contrôle, la création d’une plateforme numérique publique permettant aux citoyens de suivre en temps réel l’exécution budgétaire de chaque institution.