mercredi, novembre 26, 2025

« Monsieur le Président, l’histoire vous regarde », adressent des leaders africains à Faure Gnassingbé

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A l’occasion de la Journée de l’Afrique, le dimanche 25 mai 2025, au Forum sur la Liberté, un rendez-vous annuel des acteurs de la paix dans le monde qui se tient cette année à Oslo en Norvège, des acteurs des sociétés civiles africaines, dans une capsule vidéo, interpellent Faure Gnassingbé, devenu Président du Conseil sous la 5e République, sur le changement constitutionnel au Togo.
Du Togo (Prof David Dosseh), du Bénin (Elias Béhanzin), du Sénégal (Oumou Cantone Sarr), de la Côte d’Ivoire (Edi Dje Edi), du Ghana (Marie Josianne Ngah) et du Nigeria (Austin Agbe), et parlant au nom de leurs peuples respectifs, ces leaders d’OSC relèvent les violations constitutionnelles perpétrées, les atteintes aux droits de l’Homme, l’instauration tacite d’une présidence à vie, les violations des textes communautaires sur la démocratie et la bonne gouvernance, entre autres, et formulent des recommandations pertinentes. Lire ci-dessous.
LE PEUPLE AFRICAIN PARLE A MONSIEUR FAURE E. GNASSINGBE

1- Monsieur le Président, le 6 mai 2024 vous avez promulgué une nouvelle constitution sans consulter le peuple togolais. Cet acte viole les dispositions constitutionnelles de la 4e République, notamment ses articles ;
59 qui stipule que « le président de la république est élu au suffrage universel, libre, direct, égal et secret pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être modifiée que par voie référendaire. »
144 qui précise que « La forme républicaine et la laïcité de l’État ne peuvent faire l’objet d’une révision. »
Pourtant, Monsieur le Président, la constitution de la 4ème République a été changée sans passer par voie référendaire et sous couvert d’un régime parlementaire, c’est bien une monarchie que votre constitution de la 5ème République met en place. C’est un coup d’état constitutionnel, un crime imprescriptible, un acte de trahison envers la nation togolaise et envers l’Afrique.

2- Vous avez unilatéralement décidé de retirer aux Togolais le droit de choisir leur Président de la République. Vous avez unilatéralement décidé de créer et de renforcer les pouvoirs d’un Président du conseil des ministres pour en faire un monarque à vie non soumis à aucune élection ni limitation de mandat. Vous avez pris le pouvoir un soir du 5 février 2005 par un coup d’Etat militaire suivi le lendemain d’un coup d’Etat constitutionnel. Puis, vous avez convaincu la Communauté internationale, CEDEAO et Union africaine en première ligne, de vous accorder la faveur d’exercer un mandat unique de 5 ans pour redorer le blason de votre Père. L’élection calamiteuse et meurtrière de 2005, suivie de 3 autres élections frauduleuses vous font totaliser aujourd’hui 20 années comme chef de l’Etat togolais. Votre dernière forfaiture installe à la tête du Togo, une présidence à vie et perpétue un régime dynastique qui n’a plus rien à voir avec une République.

3- Monsieur le Président, depuis votre accession au pouvoir il y a 20 ans, des manquements graves ont été portés à la gouvernance du Togo en toute impunité : restriction de l’espace civique, libertés fondamentales anéanties, manifestations interdites, détentions arbitraires massives et torture des prisonniers d’opinion, élections frauduleuses, corruption systémique, services sociaux de base en déliquescence. Ces actes de mal gouvernance perpétuent le sentiment d’un Togo socialement délabré, politiquement divisé et économiquement exsangue.

4- Monsieur le Président, vos actions portent atteinte à la démocratie togolaise et aussi africaine. Vous avez à plusieurs reprises violé les articles 2 et 45 du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO dont vous avez, à deux reprises, empêché la réforme. En promulguant la constitution de la 5e République, vous avez violé l’article 23 de la Charte africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance qui fustige l’accession ou le maintien au pouvoir par des manœuvres injustifiables et inacceptables, comme les révisions constitutionnelles qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique.

5- Monsieur le Président, pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous vous faisons un certain nombre de recommandations en vue de rétablir le vivre-ensemble et de permettre l’envol démocratique et le développement du Togo ainsi que la consolidation des principes de démocratie en Afrique :
Mettez fin définitivement à cette aventure politique qui sape les fondements et l’image du Togo
Inscrivez le Togo dans un processus d’apaisement social et politique
Libérez immédiatement tous les prisonniers politiques
Prenez les initiatives qui permettront au Togo de s’inscrire définitivement et résolument sur la voie de l’alternance démocratique, gage de paix, de cohésion sociale et de développement.

6- Monsieur le Président, l’histoire vous regarde. Vous pouvez encore faire le choix libre et fort de dénouer la vie socio-politique et de mettre fin aux divisions et frustrations. Inspirez-vous des grandes figures africaines qui ont démontré que la confiscation du pouvoir au détriment des intérêts du peuple n’est pas la meilleure option et que l’alternance démocratique est une vertu à promouvoir. Vingt années au pouvoir au Togo ne vous ont permis ni de redorer le blason de votre père, ni de restaurer le tissu social du Togo ! La constitution de la 5e République sape les fondements d’une nation unie et réconciliée avec elle-même. La constitution de la 5e République jette le discrédit sur notre pays. Au nom de la paix et du vivre-ensemble au Togo et dans la région ouest-africaine, Monsieur le Président, il est encore temps. Dites ça suffit et prenez des initiatives appropriées pour l’avènement d’une vraie alternance démocratique à la tête du Togo.

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