Nathalie Bitho éjectée avec effet immédiat de son poste d’Administrateur provisoire de l’Hôtel Sarakawa pour…mauvaise gestion. L’information circule sur la toile depuis quelques jours. A la grande stupéfaction du personnel, mais également du commun des Togolais au fait des performances enviables de l’expert-comptable à la tête de cette infrastructure hôtelière depuis décembre 2016. Passé le temps de l’émotion, les langues commencent à se délier sur ce curieux limogeage…
Au commencement était une visite…
Selon les indiscrétions, tout aurait commencé le 29 janvier dernier, dans l’après-midi notamment, avec le débarquement (sic) à l’hôtel du ministre Sani Yaya, accompagné de quelques Blancs d’origine libanaise aux fins, dit-on, de leur faire visiter les infrastructures, et ce, en l’absence de la Directrice. Face à cette situation, le personnel habitué à de curieuses visites de personnes se réclamant du haut sommet, ne se serait pas montré particulièrement coopératif, soupçonnant une énième manœuvre de liquidation de l’hôtel…
Entre-temps, c’est une équipe de personnes se prétendant mandatée par la Présidence de la République qui a débarqué pour procéder aux relevés topographiques. Informée par la suite, la patronne des lieux instruit de les rappeler pour venir procéder aux travaux, moyennant présentation d’un ordre d’exécution de l’institution mandante, comme l’exigent les convenances administratives. Une mesure de prudence au regard des tours de vice dont ont été les responsables de l’Hôtel. « Beaucoup de gens se font loger et nourrir des semaines ici, au nom de la Présidence de la République ; mais après vérification, il s’avère souvent que ce sont des mensonges et juste des trafics d’influence », nous est-il revenu d’une source.
A en croire les confidences, au lendemain de la première visite, les agents d’un service dédié à ce genre de travaux – nous en taisons le nom- seraient venus faire les relevés topographiques de l’Hôtel et auraient informé après vouloir faire des forages sur le site pour des prospections. C’est alors que Mme Nathalie Bitho exigea d’eux, par voie d’intermédiaire, de « se munir d’un document de la Haute Autorité les autorisant à réaliser ce travail »…
C’est dans ces circonstances qu’est intervenu, le vendredi 14 février, tel un coup de tonnerre dans un ciel serein, le limogeage avec effet immédiat de l’Administrateur provisoire, remplacée par un Lieutenant-Colonel, avec injonction de procéder à la passation de service le même jour. Inhabituel pour être souligné. La passation effectuée ce vendredi aurait été dite « provisoire ». « On croyait au départ à une plaisanterie, mais on a été tous surpris par le cours des événements », confie une employée, encore sous le coup de l’émotion.
Mauvaise gestion, dites-vous ?
C’est en tout cas la raison invoquée par des sources pour justifier ce limogeage. Un argument qui fait marrer au sein du personnel et surprend tout observateur avisé des belles performances de l’expert-comptable de profession et Directrice du cabinet International Investment Corporation (IIC) à la tête de l’Hôtel Sarakawa depuis huit ans.
En effet, depuis sa nomination en décembre 2016 comme Administrateur provisoire de cette infrastructure hôtelière qui battait de l’aile depuis plusieurs années, Mme Bitho aura réussi à la relever sur tous les plans. C’est elle qui a conduit les grands travaux de rénovation dont la réhabilitation de la centaine de chambres, de la cuisine, du système de climatisation, de la plomberie, des bungalows, du parc, de la piscine olympique…
Elle a redonné vie au personnel. De la centaine à son arrivée, l’effectif salarié a été multiplié par trois sans compter les prestataires non-salariés, et ce, grâce à sa gestion parcimonieuse et à sa vision…«Quand je suis arrivée, il y avait 98 personnes comme effectif. Aujourd’hui, il y a plus de 300 personnes qui travaillent à temps plein comme salariés », avait confié Mme Bitho, le vendredi 12 juillet 2024 lors de la cérémonie de remise d’attestation de fin de formation aux chercheurs et innovateurs organisée par la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCI-Togo) qu’elle administrait aussi à l’époque.
Sa bonne gestion des affaires a rejailli positivement sur les finances. Grâce aux économies réalisées, elle a doté l’Hotel Sarakawa d’une centrale photovoltaïque de 500 KWc d’un coût de 496 millions de FCFA inaugurée le 11 août 2023, un équipement devant permettre de faire une économie de 650 millions FCFA par an, soit 70 % des factures d’électricité qui se chiffraient à plus d’un milliard annuellement avant son arrivée. C’est surtout sa bonne gestion de Sarakawa qui a dégagé des ressources pour financer à hauteur de 3 milliards FCFA, la rénovation de l’ancien Hôtel Le Bénin – aujourd’hui rebaptisé Lébénè- tombé en décrépitude avancée et le sauver de la ruine.
«Le financement de la rénovation de l’Hôtel-école Lébène est le fruit de la volonté de SEM le Président de la République, qui nous a instruite de relever ce joyau historique en nous appuyant sur la gestion maîtrisée de l’Hôtel Sarakawa. C’est donc la bonne gestion de l’Hôtel Sarakawa qui a permis de financer intégralement à hauteur de 3 milliards de FCFA les travaux de rénovation de Lébénè. C’est un peu à l’image de ce que font les consortiums étrangers pour racheter d’autres entreprises (…)», avait précisé Mme Nathalie Bitho lors de la rencontre avec la presse annonçant la réouverture de la bâtisse.
Difficile, au demeurant, de croire au prétexte de mauvaise gestion avancé pour justifier cette éviction d’une dame qui collectionne les prix et distinctions pour sa bonne gestion des structures à elle confiées, à l’instar de sa désignation comme personnalité de l’année 2024 au Togo Top Impact (TTI) et parmi les 5 femmes les plus influentes de l’Afrique en 2024, entre autres. Mme Bitho est-elle victime d’excès de professionnalisme? Lui en veut-on pour avoir fait de la résistance à ce qui s’apparente à une énième tentative de prédation de cet hôtel qui marche bien ?
Son entourage la décrit comme une dure à cuire, une dame qui « ne se laisse pas marcher sur les pieds », et donc qui paie peut-être ce «culot » ou « refus de laisser faire ». Ou bien est-elle victime d’un règlement de comptes de la part de personnes indisposées par ses compétences ? Comme pour donner du crédit à la toute dernière, une indiscrétion fait état d’une cabale (sic) aiguillonnée par une main noire qui se sentirait éclipsée par les beaux états de services de Nathalie Bitho à la tête des structures en crise qu’elle parvient à remettre sur pied, notamment sa résurrection de la «ruine » Le Bénin. « Les choses du pouvoir », dirait l’autre.
A suivre de près.