Au Togo, les commerçants exportateurs et transformateurs qui veulent acheter la graine de soja et ses produits dérivés peuvent désormais le faire. La campagne de commercialisation, au registre de la saison 2025-2026, la 7e de l’histoire, a été officiellement lancée ce jeudi 23 octobre, au cours d’une cérémonie solennelle à l’hôtel Sarakawa à Lomé. Un lancement placé sous le thème « Quelle stratégie de productivité et de durabilité de la filière soja dans un contexte de marché concurrentiel ? » et ayant connu une forte mobilisation des membres des trois grandes familles du Conseil interprofessionnel de la filière soja (CIFS).

Les mesures de la campagne
Comme à l’orée de chaque campagne, les trois grandes familles professionnelles de la filière soja à savoir, la Fédération nationale des coopératives productrices de soja (FNCPS), l’Association togolaise des transformateurs de soja (ATTS) et l’Association nationale des commerçants exportateurs de soja (ANCES) ont conclu un accord interprofessionnel statuant sur les mesures phares encadrant la présente. Lequel a été signé par leurs premiers responsables respectifs, Mme Mimbouab Daloli épse Gnofame, Mounirou Koriko et Kokou Tewou.
Ayant formellement pour objet la vente de soja graine par les membres de la FNCPS à ceux de l’ATTS et de l’ANCES, l’accord dont les grandes lignes ont été présentées par le Secrétaire exécutif du CIFS Gbegnowou Ayebou fixe la période moratoire du 24 octobre au 30 novembre 2025, soit un mois et une semaine, pour faciliter l’approvisionnement des unités de transformation existantes et enregistrées auprès de l’ATTS compte tenu de l’augmentation des besoins de transformation du soja au niveau local. Durant cette période, nous revient-il, il est formellement interdit l’exportation des cargaisons.

Deux cent mille (200 000) tonnes, c’est la quantité de graine de soja que le CIFS ambitionne de mobiliser, avec une possibilité de révision en janvier 2026, au cours de cette campagne qui, comme celle écoulée, a pour partenaire officiel la Mediterranean shipping company (MSC) – une présentation a permis d’en savoir davantage sur la renommée mondiale et les performances de cette compagnie qui assure l’acheminement du soja vers l’extérieur. Et le prix bord champ, c’est-à-dire le prix plancher en dessous duquel il n’est pas autorisé d’acheter auprès des producteurs, est fixé à 220 F le kilo, contre 250 F la campagne précédente.
Pour l’acheminement des cargaisons de l’intérieur du pays vers les unités de transformation et à destination de Lomé, il est exigé un bordereau numérique de suivi de cargaison issu de l’application TRACE SOJA et un autre (bordereau) de transport de la marchandise émis par l’acheteur.
Des dispositions spéciales sont également prises. Il s’agit de : renforcement des agents contrôleurs ainsi que des points de contrôle, interdiction formelle d’attroupements des négociants/intermédiaires autour des points bascules à Lomé (Netadi, Argus, ETG, Opat, Cocolomex), fourniture d’une preuve de livraison d’au moins 15 % d’intention d’achat de soja graine aux unités de transformation sur place avant le retrait d’agrément d’exportation.

Défis à relever et ambitions réaffirmées
Tout en notant les exploits (sic), belles performances de la filière durant ces dernières années – le soja bio notamment -, aussi bien le Directeur de cabinet du ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et de la Veille économique chargé du Commerce et du Contrôle de la qualité, Koffi Vignon Mensan lançant officiellement la campagne que le Président du Conseil d’administration du CIFS-Togo, Mounirou Koriko ont évoqué le contexte concurrentiel sur le marché international et les difficultés ou défis.
Ces défis ont pour noms : non compétitivité du soja togolais à cause de la faible productivité rendant rudes les négociations de contrats et désorientant les grands acheteurs vers d’autres pays ; fluctuations du marché fragilisant les producteurs et freinant les investissements ; faible capacité financière de nombreux acteurs commerçants et transformateurs limitant leur compétitivité et leur accès aux opportunités du marché ; rigueur de la réglementation internationale, notamment pour le soja biologique, qui réduit l’accès équitable aux contrats d’exportation et exige une meilleure organisation collective ; enjeux environnementaux obligeant à intégrer pleinement la durabilité et l’approche « zéro déforestation » dans toutes les pratiques.

Ils n’émoussent pas pour autant les ardeurs des responsables du CIFS. Ces derniers nourrissent encore des ambitions fortes pour la filière, lesquelles se déclinent en cinq grands axes : stabiliser le marché par des mécanismes transparents et justes afin de sécuriser durablement le revenu des producteurs ; renforcer les capacités financières des commerçants et transformateurs grâce à des mécanismes innovants d’accès au crédit et à l’investissement ; améliorer la qualité et la transformation locale des produits dérivés pour satisfaire les consommateurs togolais et conquérir les marchés internationaux ; consolider la gouvernance de la filière à travers une organisation solide, unie et proactive et valoriser la durabilité environnementale afin de faire du soja togolais une référence mondiale en matière de production responsable et respectueuse de la nature.
« Pour atteindre ces objectifs, nous devons travailler main dans la main », croit fermement Mounirou Koriko. Et de souhaiter cette 7ème édition comme le point de départ d’une nouvelle étape pour la filière soja au Togo.


