Recueillir les besoins à la base, amener les populations elles-mêmes à initier des solutions avant de tendre la main, puis les accompagner. C’est la démarche somme toute nouvelle pour laquelle opte l’Ong DENYIGNA NYO, dans ses actions de développement communautaire au profit du village de DAVEDI sis dans la préfecture de Zio. Un forum communautaire a réuni ses responsables et les acteurs de développement de la localité, dimanche 31 juillet dans l’enceinte de l’Ecole primaire publique (EPP), dans le cadre d’un processus liant les deux parties.
Faisant suite à une enquête sociologique menée courant 2019-2020 ayant consisté à recueillir les besoins du village, le forum est constitué de quatre (04) phases essentielles. D’abord une séance plénière au cours de laquelle les résultats ont été partagés avec les participants, des représentants du comité de développement du village (CVD), d’associations diverses de développement, des autorités coutumières, bref les forces vives de la localité ; ensuite un petit échange avec le public ; des travaux en ateliers, quatre (04) en tout sur des thématiques diverses – Atelier dénommé Fier de mon village consacré à la gestion des ordures ménagères, à la propreté et à l’assainissement, Atelier Santé communautaire, Atelier éducation, formation, apprentissage et question des jeunes filles et Atelier Jeunesse, sport et culture ; et enfin la restitution des travaux d’ateliers.
« A travers ces ateliers, nous avons amené la population à répondre à la question comment trouver ensemble des solutions à ces différentes difficultés exprimées», a indiqué Aniel AMEGNAGLO, le Coordonnateur de l’Ong DENYIGBA NYO. Et d’exalter la démarche : « Il faut amener les populations elles-mêmes à se prendre en charge avant de tendre la main vers des personnes désireuses de pouvoir apporter un plus. C’est une façon de leur inculquer de nouvelles approches pour ne pas forcément attendre de l’extérieur. Les gens commencent avant que l’aide extérieure n’arrive».
Loin d’être isolée, cette démarche est une nouvelle orientation de l’Ong depuis les années 2015. « On voudrait que la population même prenne en charge ses propres besoins dans la mesure de ses moyens, développe ses stratégies internes locales (…) C’est une démarche qui prend en charge les ressources internes locales des populations », renchérit Apelete Kodzo SANVI, l’un des membres fondateurs, convaincu qu’«aucun pays, aucun quartier, aucun village ne peut se développer véritablement sans passer par cette démarche participative ». « Un développement qui n’associe pas la population, c’est déjà l’échec garanti. Lorsqu’on associe la population dans un développement participatif, le résultat suit parce que ce sont les populations elles-mêmes qui vont dégager les solutions. C’est notre philosophie qu’on ne fera rien sans que la solution n’émane de la population », a-t-il ajouté.
La démarche semble épouser la vision des habitants de la localité, à en croire Jean-Paul Kodjo MLOPE, un des fils du milieu et Président l’Association pour la promotion de DAVEDI (ASPRODA), créée den 2011. « La démarche que suit l’Ong DENYIGBA NYO est une démarche que nous aussi, en tant que fils de ce village, avons adoptée en 2010 lorsque nous avions eu l’idée de nous pencher sur les problèmes de notre communauté (…) Elle rejoint la nôtre dans la mesure où elle a procédé par une sorte d’enquête pour recueillir les vrais problèmes à la base et ainsi éviter les erreurs que font certaines ONG qui viennent avec des projets qui ne répondent pas aux besoins essentiels de la population », a confié ce formateur d’Ecole normale d’instituteur, disant la population de DAVEDI prête à collaborer.
Les problèmes/besoins exprimés par les prospectés sont nombreux ; mais parmi les prioritaires relevés par le Président du CVD, Kossi NOSSI, figurent l’insuffisance des salles de classes, des tables-bancs, le manque de latrines publiques et la défécation en plein air, l’indisponibilité de l’eau potable, le manque ou la dégradation des voies d’acheminement des produits agricoles, notamment en période de pluie, l’absence de dispensaire public, etc. « Nous avons compris que nous-mêmes les populations, nous devons chercher des fonds avant d’appeler les partenaires financiers à l’aide», a-t-il déclaré.
La prochaine étape de ce processus entre l’Ong et DAVEDI, assurent les responsables de DENYIGNA NYO, c’est la transformation des besoins exprimés et solutions identifiées en projets de développement. « Puisqu’eux-mêmes ils ont déjà dégagé les pistes de solutions, les partenaires financiers, etc., on va maintenant faire une planification des besoins prioritaires, mais aussi un travail de fond avec le CVD, les partenaires potentiels et on va soumettre les projets pour chercher des fonds (…) D’abord mobiliser les ressources financières, matérielles et humaines du village et aussi faire appel à la diaspora », a relevé Apelete Kodzo SANVI.
Créée en 1992 sous le statut d’association et mutée en Ong depuis 2005, DENYIGBA NYO, à en croire le Président de son Conseil d’administration Kodjo ATTIKE, est dans la lutte contre la déscolarisation, l’aide aux démunis, le soutien à l’apprentissage et à l’insertion professionnelle des jeunes filles, l’appui dans le domaine de la santé, la lutte contre la délinquance juvénile, entre autres causes sociales.