En conférence de presse, ce mardi 12 août, les Organisations de la société civile (OSC) et les Organisations de défense des droits humains (ODDH) annoncent une journée nationale de désobéissance civile le samedi 16 août 2025, sous le nom d’opération “Togo mort”. Cette action pacifique entend protester contre l’interdiction systématique des manifestations publiques et la répression jugée croissante des libertés au Togo.
Dans la déclaration liminaire lue par le Prof David Dosseh, le Front Citoyen Togo Debout, l’association Novation Internationale et plusieurs autres organisations signataires dénoncent ce qu’elles qualifient de « politique du mensonge d’État » et de refus délibéré des libertés fondamentales. Elles rappellent que le droit de manifester est garanti par l’article 30 de la Constitution togolaise de 1992 et par l’article 11 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
A les en croire, à trois reprises ces dernières semaines, le ministère de l’Administration territoriale a interdit des manifestations pacifiques pourtant déclarées dans les formes légales, en invoquant des motifs jugés fallacieux : la période de campagne électorale municipale, la phase post-électorale de contentieux et des prétextes liés au parcours des marches ou à un supposé climat de tension.
« D’abord, le 1er prétexte fut la campagne électorale pour les élections municipales ; en effet, le courrier du ministre de l’Administration territoriale en date du 10 juillet 2025 disait en substance : “Les campagnes électorales sont souvent des périodes où cohabitent euphorie, passion et agitation que l’autorité administrative se doit de gérer en vue du maintien de l’ordre public », peut-on lire dans la déclaration.
« Ensuite, le 2e prétexte fut un prétendu processus électoral municipal inachevé, alors que la campagne était terminée et que le scrutin avait déjà eu lieu. […] Et enfin, plus gravement, le 3e courrier a imaginé de nouveaux prétextes particulièrement saugrenus comme le trajet de la marche qui passe tout le long de la lagune de Bè, lieu même où certains corps ont été repêchés (qui) présente un risque élevé de bousculades », poursuit la déclaration.
Selon ces OSC, le troisième courrier du ministre aurait franchi « une ligne rouge » en interdisant, jusqu’à nouvel ordre, toute manifestation pacifique, une décision qu’elles estiment contraire à la Constitution. Face à cette situation, les initiateurs de l’opération « Togo mort » invitent la population à exprimer son indignation par un geste fort : « fermer boutiques, marchés et lieux de travail, suspendre toute activité et observer une journée de silence et de recueillement ».
L’objectif, selon elles, est de marquer le refus de la soumission, du bâillonnement de la parole citoyenne et de l’oubli des victimes des répressions passées. « La dictature a décidé de verrouiller tout espace d’expression citoyenne, mais nous ne sommes pas ses sujets ; nous sommes des citoyens libres et souverains », poursuit la déclaration.
Les OSC préviennent, « lorsque l’État interdit systématiquement les manifestations légales, il pousse inévitablement la rue à trouver d’autres formes d’expression ». Ainsi, ces OSC apportent leur soutien « total » à la manifestation nationale du samedi 30 août 2025 qu’organise le Mouvement M66.
La société civile appelle enfin toutes les forces démocratiques à la convergence et à la mobilisation pour défendre les libertés, la bonne gouvernance et la mémoire des martyrs. « Le Togo n’est pas une prison. Il est notre pays. Il est notre avenir », insistent les organisateurs.


